Avec la parution et la lecture de Petit Dragon n°4, l'envie m'est venue de me renseigner sur l'actualité et le possible devenir de la quatrième édition deDungeons & Dragons. Une version ô combien controversée .
I. LE SOMMEIL DU DRAGON :
En France, la situation est bien arrêtée puisque le dernier supplément paru remonte à mai 2010. Le site play-dd.fr n'existe plus. Il semblerait que les stocks en français s'épuisent tout doucement (info à confirmer). Aucune reprise n'a été annoncée. Aucun communiqué. Rien sur Le Fix (si vous ne connaissez pas, inscrivez-vous, c'est gratuit!)...
Bref, la situation est bien triste pour les fans. Le Vénérable Dragon s'est endormi... Laissant la place à de jeunes reptiles bien turbulents aux dents longues.
Sans concurrent véritable, Pathfinder déploie ses ailes fièrement et clame à la ronde son statut d'héritier légitime !
Depuis peu, Fantasycraft a pointé le bout de son museau écailleux, bien décidé à se tailler une part de butin (plus d'infos ICI, ICI et LA).
Enfin, de nombreux anglophones ont préféré se tourner vers la (re-)découverte des nombreux retro-clones et neo-clones qui pullulent.
Du côté des "retro", Labyrinth Lord devrait bientôt connaitre une version française gratuite.
Du côté des "neo", Castles & Crusades bénéficie d'une réputation flatteuse, tandis que de nombreux concurrents (Dungeon Crawl Classic, Adventurer, Conqueror, King...) s'apprêtent à entrer en scène?
Cette transition nous amène fort logiquement à tourner notre regards vers la patrie de Gary Gygax et Dave Arneson. Le berceau du Jeu de Rôle : les Etats-Unis.
II. BOOOOOORN IN THE USA
(Bruce Springsteen, barde)
Pour les anglophones, la situation est moins morose puisque D&D 4 est toujours bien vivant outre-atlantique et que Wizards of the Coast continue de publier des suppléments par wagons entiers... Tout en continuant de se diversifier !
Récemment, une nouvelle gamme a été lancée, centrée autour de la cité de Neverwinter (Padhiver en français), dans les Royaumes Oubliés.
Hélas, loin d'être 100% JDR, cette gamme Neverwinter table plutôt sur une approche multimédia. Un jeu vidéo a vu le jour (ou va voir, peu importe), qui sera accompagné d'un jeu de plateau et d'une série de romans, signés R.A. Salvatore.
Bof !
Plus enthousiasmant, côté JDR, on notera tout de même la parution récente d'un campaign Setting de 224 pages, d'un scénario d'échelon héroïque ("Lost Crown of Neverwinter")ainsi que la parution d'une nouvelle campagne hebdomadaire D&D encounters (malheureusement réservée aux seuls abonnés).
Ouf !
(Donjons & Dragons ? Plus de 35 années de couvertures classieuses !)
Quant aux "fortune cards" (copiées, me semble-t-il sur les Adventure Decks de Savage Worlds), elles semblent avoir rencontré un certain succès, contrairement aux cartes de pouvoirs aléatoires de Gamma World (de l'avis général : laides, chères et inutiles !). Aussi, une version Neverwinter a vu le jour.
Re-bof.
III. Ô MON PLATO-OH-ho-OOOOOOOH !
(à chanter sur l'air de "Oh mon bateau")
Enfin, plusieurs boardgames ont fait leur apparition : Wrath of Ashardalon et Castle Ravenloft pour commencer. Legend of Drizzt ensuite (sortie prévue en octobre 2011).
A chaque fois, nous avons de grosses boîtes bien lourdes, à la Descent, chargées en figurines et en plateaux de jeu, qui proposent une expérience plus proche du Jeu de Plateau que du Jeu de Rôle traditionnel.
Avec cette nouvelle gamme, la boucle est bouclée : D&D est bel et bien devenu un simple, un banal jeu de société. Enfin, en partie, puisque les gammes 100% JDR continuent. Heureusement.
Les habitués de la quatrième édition, quant à eux, retrouveront le matériel auquel ils sont maintenant habitués depuis des années : dés à vingt faces, figurines plastique (non-peintes, cette fois), cartes de pouvoir à volonté, de rencontre et quotidiens, plateaux de jeux modulaires (les fameuses "tiles" ou "tuiles" en français). Mais aussi des cartes de rencontres et d'autres encore pour les monstres et pour les trésors.
Difficile de bouder son plaisir devant une telle profusion de matériel, facilement réutilisable pour une partie de vrai JDR (avec du roleplay dedans).
Néanmoins, si on ajoute à cela le wargame-jeu de société "Conquest of Nerrath", aux faux airs de Risk, il ressort une impression désagréable que Wizards of the Coast cherche à tout prix à marcher sur les plates-bandes de Fantasy Flight Games... Au détriment du Jeu de Rôle ???
A SUIVRE ?
Malgré tout, le constat général est positif pour tous ceux qui aiment ce jeu. D&D 4 est loin d'être mort. Il est même en parfaite santé. Simplement, il a perdu l'usage de la langue de Voltaire... Est-ce définitif ? Gageons que non et que le Dragon Rouge n'a pas fini de nous réchauffer (dans tous les sens du terme !!! )