Voici une bonne nouvelle qui devrait mettre du baume au coeur de tous les fans du D6 System . Après avoir été disponible il y a trois ans, sous la forme d'un quickstart (kit de démo) de 34 pages, Septimus, l'univers de Space Opera flamboyant imaginé par Bill Coffin est aujourd'hui diffusé dans son intégralité, gratuitement, sur le net, notamment via les plate-formes spécialisées de e-commerce comme Drive Thru RPG (en français, Rapide JDR).
Septimus RPG, c'est un épais ouvrage de 366 pages, complet, et reprenant le système D6 popularisé par le JDR Star Wars. De quoi parle le jeu ? D'un lointain futur, héritier de plusieurs millénaires de conquêtes spatiales, d'un Empire Galactique, le septième, qui connait un lent mais irrémédiable déclin, de multitudes de civilisations ayant essaimé à travers le cosmos et enfin, d'une mystérieuse, gigantesque Sphère de Dyson, Septimus, qui enferme en son sein tout un pan de système solaire avec ses lunes, ses astéroïdes et ses planètes.
Guerres interstellaires, société ayant régressé à un stade féodal, guildes marchandes toutes puissantes, multiples technologies permettant d'augmenter les capacités humaines (nanotech, biotech, etc.), connaissances imparfaites de l'univers... A la lecture, Septimus apparaît comme un nouvel héritier du mythique Dune de Franck Herbert. Mais l'ambiance "dark" rappelle également Shatterzone (de West End Games), les Méta-barons et surtout Fading Suns. En effet, ce dernier jeu de rôlesrepose sur un concept intéressant, un "twist" qui sous-tend l'univers et lui donne une saveur particulière : à savoir, la lente extinction des étoiles. Incontestable. Inexpliquée. Inexorable.
Le "twist" de Septimus, c'est l'effondrement de l'hyperspace, la dimension parallèle par laquelle transitent les vaisseaux spatiaux, affaiblie par des siècles de voyages intergalactiques en son sein. Du coup, le moindre voyage spatial devient extrêmement périlleux et ses conséquences deviennent totalement imprévisibles. Un vaisseau peut se retrouver à des années lumières de sa destination, peut réapparaître plusieurs années plus tard, voire disparaitre totalement, corps et biens, etc.
D'où un marasme social économique et financier total. Dans cette ambiance de fin du monde, l'annonce de la découverte d'un "monde-sphère" d'origine alien, aux confins du monde connu, a un effet retentissant. Pour beaucoup, Septimus a des figures d'Eldorado. C'est une terre promise qui attire toutes sortes de colons et d'aventuriers fuyant une vie sans espoir et cherchant un nouveau départ.
Sur près de 100 pages, Bill Coffin décrit l'univers du jeu en détail. Les données fournies semblent suffire pour pouvoir maîtriser le jeu mais les inconnues restent nombreuses. En l'état, Septimus semble tellement vaste qu'il faudrait des dizaines de sourcebooks pour en faire un tour complet. N'importe ! Les nombreuses zones d'ombre sont autant d'opportunités pour le MJ d'importer ses propres créations, de personnaliser à sa sauce le Septième Empire, la mystérieuse organisation des Syndavar, et quantité d'autres choses encore.
La lecture des règles apporte son lot de surprises. Septimus lorgne ouvertement du côté de la SF trans-humaniste et du cyberpunk : la technologie avancée permet de tricher avec la mort, de cloner son corps, de télécharger sa mémoire et sa personnalité dans un nouveau corps, robotique, cybernétique ou biologique (décidément, c'est le thème à la mode dans les JDR de SF).
En contrepartie, le risque d'une corruption de l'individu (pages 124 à 126) est à craindre. Cette dernière est une simple transposition du Côté Obscur de Star Wars. Au menu : perte d'humanité, névroses et psychoses (comme dans Cyberpunk 2020), dysfonctionnements des divers implants portés en soi et à terme, perte du personnage-joueur qui devient un PNJ géré par le MJ. Privé de l'argumentation morale liée à la Force ("si tu cèdes à la colère, tu bascules dans le côté obscur, etc."), ce point de règles mériterait d'être étoffé. Sinon, il risque de paraître trop artificiel pour les joueurs.
S'il n'y a pas de races extra-terrestres dans l'univers de Septimus, la variété est malgré tout au rendez-vous, grâce aux nombreuses altérations que la technologie permet. 24 archétypes sont ainsi proposés (pages 308 à 357). Autant de "classes de personnages" qui devraient séduire vos joueurs. Par ailleurs, ces derniers seront ravis d'apprendre que les pouvoirs psioniques et la magie (ici appelée "Métaphysique", ou l'art de plier la réalité à sa volonté) sont eux aussi de la partie.
Enfin, petite cerise transgénique sur le gâteau synthétique, il est tout à fait possible pour vos joueurs de se retrouver avec un vaisseau spatial bien à eux, au lieu de squatter dans des navires ultra-imposants qu'ils n'auront jamais les moyens d'acquérir.
Point de Hard-science, donc ! L'univers de Septimus regorge d'opportunités d'aventures : il y a des planètes à explorer, des systèmes solaires à cartographier, des criminels à arrêter, des marchandises à vendre (ou à voler), des secrets technologiques à dévoiler, des complots à démasquer (ou à garder secrets, selon les allégeances de vos PJ) et des alliances (dangereuses,naturellement) à contracter.
Pour conclure : le jeu est entièrement gratuit. Les règles sont divertissantes en diable et ultra-rodées (c'est le D6 System. Dois-je vraiment en dire d'avantage ?). Alors, n'attendez plus, cliquez sur le lien ici-présent !
Bons downloads et bons jeux à tous et à toutes !
POUR EN SAVOIR PLUS :
- lisez l'info sur le blog de Stargazer's World ;
- découvrez l'interview de l'auteur paru dans le webzine Odds de novembre 2008 (à télécharger gratis sur lulu.com) ;