Avec la sortie le 13 mars prochain de son cinquième volet et celle du film d'animation "Degeneration", directement en DVD et Blu-Ray Disc, la saga "Resident Evil" revient en
force en ce début d'année 2009.
L'occasion idéale, donc, pour parler des deux JDRA existants, parus en français, et prenant pour cadre cet univers fantastique ô combien original.
I. DISSECTION D'UN SUCCES :
Car "Resident Evil" (j'emploierai pour la suite de cet article le titre générique, par souci de commodité, sans préciser les épisodes) est bien plus qu'un "simple" jeu vidéo
d'épouvante.
Tout d'abord, parce que la saga fut à elle seule la génitrice du genre "Survival Horror" sur console et PC. Un genre novateur, au même titre que les FPS ("First Person Shooter") et RTS ("Real
Time Strategy"). Et qui donna naissance à des jeux phares : les "Parasite Eve" (I et II), "Obscure", "Bioshock" (défini par les gamers comme un crossover entre FPS
et Survival Horror), "F.E.A.R." (I et II), et bien d'autres encore, dont la mythique série des "Silent Hill".
Ensuite, parce qu'en mélangeant technologie et horreur, la saga s'est dôtée d'un réalisme, d'une consistance, et d'une épaisseur incontestables. Prenons comme exemples les 2 premiers volets
du nom, sortis sur Playstation.
L'exploration d'un manoir, archétype de la maison "hantée" (dans "Resident Evil I"), puis, celle d'une ville envahie par les monstres (dans "Resident Evil II"), servirent
de prétexte pour mettre en scène tout un bestiaire horrifique, digne de Donjons & Dragons : des zombies, nombreux et affamés, mais aussi des chiens
zombies, des requins (1 en tout cas), des araignées géantes (grosses comme des voitures ! Brrr...), des plantes vivantes carnivores, des crocodiles géants, des nuées de corbeaux psychopathes
(un clin d'oeil aux "Oiseaux" d'Alfred Hitchcock ?)... Enfin, toute une armada de parasites répugnants "à-la-David-Cronenberg" et de monstres mutants aussi hideux que résistants. Des
aberrations contre-nature, des monstruosités hors-norme. Toutes causées par les infâmes expériences de manipulation génétique des laboratoires "pharmaceutiques" Umbrella.
Génétique ! Le mot est lâché. En basant les récits des "Resident Evil" sur les méfaits commis par cette méga-corporation, dont la vraie spécialité est la recherche militaire, les
scénaristes apportaient une explication cohérente à ce macabre défilé de créatures cauchemardesques.
Surtout, ce thème de la recherche génétique et de ses dérives permet à la saga d'aborder d'autres genres que la simple épouvante :
- science-fiction/anticipation
: puisque l'existence des monstres s'explique "scientifiquement", par la propagation de virus bactériologiques ;
- théorie du complôt : par exemple, dans "Resident Evil II", le virus est lâché dans la nature à des fins de "tests grandeur nature" (sic !) ;
- action : chaque volet de la saga permet au joueur de se procurer un arsenal conséquent et proposes ses scènes de combats épiques contre des "boss" (d'ores et déjà, les
critiques promettent des scènes dignes de "La chute du Faucon noir", pour l'épisode 5 !) ;
- espionnage : les actions d'Umbrella sont menées dans l'ombre. Et la corporation dispose d'une armée privée pour se protéger ;
- polar/enquête/mystère : dans chaque épisode, il s'agit pour les joueurs de découvrir ce qui se passe, de reconstituer les événements passés. Quels complots se trament
dans l'ombre ? Qui en est l'auteur ? etc. ;
- cyberpunk, enfin. Ou plutôt une sorte de "pré-cyberpunk", avec le choix comme "méchant" principal d'une multinationale arriviste et corrompue, dont l'arme principale
est l'usage intensif d'une technologie de pointe, et qui cherche à s'affranchir de l'autorité des états traditionnels. En l'occurence, ici, Umbrella se retrouve secrètement en guerre contre... Le
gouvernement des Etats-Unis ! Ce dernier finissant même par employer l'arme nucléaire pour raser la ville de Raccoon City, infestée par les virus d'Umbrella, et ainsi, empêcher leur
propagation.
Pour que la description soit complète, n'oublions pas de préciser qu'un look manga (jeu vidéo japonais oblige) est présent tout au long de la saga, dans le design des personnages (les héros comme
leurs adversaires), de leurs costumes, des monstres qu'ils affrontent.
Finalement, non seulement ce mélange des genres fonctionne parfaitement mais en plus, il apporte à la série une personnalité et une originalité indéniables. Bref, "Resident Evil" ne
ressemble à aucun autre jeu. L'inverse étant moins vrai.
II. "HEY ! IT'S UP TO US TO TAKE OUT UMBRELLA" - extrait de "Credit Line of Whole
staff", Biohazard 2 O.S.T.
Deux JDRA (Jeux De Rôles Amateurs), parus sur la toile, et tous deux en français, permettent d'explorer l'univers de "Resident Evil", les environs de Raccoon City et les
laboratoires secrets d'Umbrella, et surtout d'y affronter les horreurs créées par ses savants fous : l'immonde "Licker", le redoutable "Nemesis" (faites un plein stock de grenades !), et
naturellement, les hordes de zombies putréfiés, avides de chair humaine qui s'élancent déjà à votre rencontre pour vous enlacer "affectueusement". Ce sont Resident Evil RPG
et Biohazard D20.
Deux remarques avant d'aller plus loin :
- tous deux remontent (déjà ?) à 2004 et ne prennent donc pas en compte les derniers développements de la saga (les épisodes 4 et 5 notamment) ;
- le développement des deux JDR se fit en même temps et de toute évidence, dans une atmosphère de coopération et d'entraide mutuelle. Ainsi, Tiamat (auteur de Biohazard D20)
remercie Yno (auteur de Resident Evil RPG) dans les crédits et signale lui avoir emprunté plusieurs textes, avec son autorisation. De ce fait, certains chapitres (comme la
Chronologie) sont quasi-identiques. Seules les règles différent réellement. Bref, une réelle collaboration entre les deux auteurs qui ne nuit nullement à la qualité de leurs jeux respectifs, bien
au contraire.
Examinons-les plus en détail :
1. Resident Evil RPG, disponible sur le site d'Yno, www.xperyments.com/. Fort de ses 73 pages, Resident Evil RPG propose aux joueurs de jouer des
"deux côtés de la barrière". Les règles donnent toutes les informations nécessaires pour jouer des membres du S.T.A.R.S (l'équipe d'intervention qui explore le manoir du premier épisode, et dont
les membres survivants deviendront des ennemis récurrents d'Umbrella Corp.). Mais aussi des mercenaires au service d'Umbrella, de simples scientifiques travaillant pour cette compagnie, des
agents secrets au service d'états ou d'autres multinationales, des officiers de police, des militaires et même (pourquoi pas ?) de simples civils.
Cette polyvalence permet ainsi au MJ d'envisager une multitude de scénarios, voire de raconter une même histoire, mais vue sous différents angles, à l'instar du "Resident Evil II", par
exemple. Tous les genres peuvent être envisagés, de l'horreur pure (imaginez-vous jouer un citoyen ordinaire, sans armes, cherchant à protéger sa famille dans une Raccoon City dévastée
par les mort-vivants) à l'action tonitruante (à vous les assauts surarmés et les actions commandos menées contre les laboratoires secrets d'Umbrella) en passant par les scénarios de pur
espionnage (saurez-vous récupérer les CD-Rom de données top secret sans vous faire capturer ?).
Bref, un excellent jeu, servi par des règles très simples : 6 caractéristiques, 12 compétences, et l'ensemble des tests se fait sous 2D6. Des règles basiques, simples, et s'effaçant au profit du
roleplaying et de l'ambiance. En plus des règles de base, vous trouverez sur le site d'Yno :
- le nécessaire pour confectionner l'écran du jeu (en 3 volets, avec de superbes images tirées du jeu vidéo) ;
- une aide de jeu consacrée aux armes de guerre (avec photos, pour les poètes !) ;
- et "la reine de la vallée bénie des immortels", un synopsis de scénario, ma foi fort intéressant.
A noter qu'Yno, définitivement un grand fan d'épouvante, est également l'auteur des JDR Patient
13 (publié par John Doe), Reservoir Bats, le Syndrome de Babylone, Silent Hill
et 30 Jours de nuit (disponibles ici).
Il est également l'auteur du futur Notre Tombeau, jeu-campagne en 12 épisodes, à paraître début mars , toujours chez John Doe, dans leur collection "Dead on Arrival". Bref, un auteur à suivre !
2. Biohazard D20, disponible sur le site "l'Antre de
Tiamat" (http://tiamat64.free.fr/). Un peu moins épais (60 pages),
ce deuxième JDRA bénéficie d'une superbe maquette, toute en couleurs. Surtout, il propose toutes les règles nécessaires pour jouer dans l'univers si particulier des jeux vidéos avec les règles
D20 Modern. De ce fait, il devient de facto utilisable avec d'autres systèmes de règles : le DK system, True20 voire
Savage Worlds. Le tout, avec un minimum de travail.
III. UN MONDE AU BORD DU GOUFFRE
Ainsi que nous venons de le voir, Resident Evil ne se limite pas à des histoires de survie horrifique, contrairement aux films de Georges A. Romero ("Night of the Living Dead",
"Zombie", etc.) qui servirent de modèle au créateur initial du premier opus, M. Shinji Mikami.
En décrivant un univers sombre et paranoïaque, gangréné de l'intérieur par une science devenue folle, la saga a su développer une histoire forte, pleine de rebondissements et de coups de théâtre,
faite de complots terrifiants et de brusques flambées de violence.
Face aux héros de la saga, si humains et dont on suit les pérégrinations et l'évolution individuelle au fil des épisodes, "Resident Evil" met en scène des multinationales aussi immorales
que malfaisantes. Des entités froides, inhumaines et sans visage, aux ramifications tentaculaires. Obsédées par le pouvoir, ces corporations avides et sans scrupule menacent à
chaque épisode de causer la fin du monde, rien de moins !
Avec cette idée géniale qui fait mouche et donne sa saveur toute particulière aux jeux, Resident Evil se hisse au rang des meilleures oeuvres d'épouvante et tutoie les créations
démentes d'un Howard Philip Lovecraft (avis aux connaisseurs : remplacez "Cthulhu" ou "Nyarlathotep" par "Umbrella". Que voyez-vous ?). Pour vous en convaincre, jetez donc un oeil aux
trailers de l'épisode 5. Vous y appercevrez des entités de cauchemar, gigantesques et lovercraftiennes en diable. Des monstres engendrés par la folie des hommes.
La. Fin. Est. Proche.
Saurez-vous l'empêcher ? Il n'y a qu'un seul moyen de le savoir, alors...
... Bons downloads et bons jeux !
Bonus : voulez-vous en savoir plus ?
Sur Resident Evil 5 :
- Visitez le site officiel du jeu : http://www.residentevil.com/
- "Virus Magazine", mensuel consacré aux jeux vidéos a récemment sorti un hors-série sur la saga, qui servit de point de départ à cet article. Pour 1,90€, vous trouverez quantité
d'informations, accompagnées d'images saisissantes, idéales à montrer à vos joueurs ("soudain, vous voyez ça apparaître en face de
vous").
Sur les premiers épisodes de la saga :
Les sites suivants sont cités dans Biohazard D20 et dans Resident evil RPG. Vous pouvez donc les visiter en toute confiance et y rechercher toutes les
informations que vous souhaitez. Bonne chasse !
- www.thelast-escape.com
- www.white-umbrella.fr.st
- www.survivhor.com
- www.templebiohazard.com
- www.biohazardfrance.com
- www.capcom-europe.com/residentevil
A lire :
Il existe quantité de documents word et pdf disponibles sur internet : des novellisations écrites par des fans, des guides de jeux, listant les solutions et cheat codes... Mais
s'il fallait n'en choisir qu'un, ce serait le formidable "Diary of
Genesis" et ses 256 pages écrites en français et bourrées d'informations. Un must à télécharger !