Si vous êtes fans de musiques violentes, de guitares saturées, de « chant » hurlé et d’attitude avec un « A » majuscule, et qu’en plus, vous lisez l’anglais, je
vous invite chaleureusement à vous procurer « American Hardcore – A tribal history », de Steven Blush.
Passionnant et remarquablement documenté, ce livre relate l’histoire de ce mouvement musical underground et jusqu’au-boutiste, de 1980 à 1986.Six années de bruit
et de provocations. Six années de sang, de sueur et de larmes.
Pour faire bref, le Hardcore fut une version radicale du punk, poussée à l’extrême, qui cristallisa les angoisses, la colère et les frustrations de toute une
partie de la jeunesse américaine, en mal de repères.
Ses groupes phares, les Germs, D.R.I., D.O.A (dead on arrival), MDC (millions of dead cops), Misfits, Youth Brigade, Uniform Choice, et autres sont aujourd’hui
des “legendes” de la musique underground. Des groupes mythiques, sources d’inspiration pour de nombreux groupes de Hardcore, Punk, Trash, Death-Metal et autres genres musicaux à forte teneur en
décibels et en agressivité.
Mais il en fut bien autrement à leurs débuts. Avec verve et talent, Steven Blush relate l’histoire fiévreuse de ce mouvement marginal et contestataire, qui dura
de 1980 à 1986. Et son récit, entrecoupé de nombreuses interviews, est hallucinant ! Drogues. Bagarres. Sexe. Hystérie. Chaos.
Fustigés par la société américaine, les fans de Hardcore étaient vus pêle-mêle comme des « pédales » (« faggots »), des communistes, des nazis, des drogués, des
dealers. Ils suscitaient le peur, l’incompréhension et la haine et furent la cible d’agressions de tous bords. Par les « rednecks ». Par les autres gangs de jeunes. Par la police surtout, qui
organisait de véritables « ratonnades », en toute impunité, à la sortie des salles de concert.
A travers le récit hallucinant de ce mouvement, c’est toute une Amérique de cauchemar qui apparaît en filigrane. Une Amérique blafarde, apeurée, en crise. Frappée
de plein fouet par la crise du pétrole. Hantée par le spectre de la guerre froide, par l’échec de son intervention au Viêt-Nam. Sans pitié pour ses propres enfants. L’Amérique d’avant les
années Reagan. Celle que l’on devine dans des films tels que Taxi Driver (1976), Serpico (1973), Cruising (1980), les guerriers de la nuit (1980), Repo Man (1984) ou encore Police Fédérale Los
Angeles (1985). L’Amérique des laissés pour compte et des paumés. L’Amérique qui sombre, qui titube.
Le récit de ces années, par ceux qui l’ont directement vécu, vaut donc le déplacement. Comme en plus, Steven Blush n’élude aucun sujet, même les plus scabreux, on
se retrouve avec une mine d’informations passionnantes. Tous les sujets sont abordés : les tournées avortées. Les deals foireux. Les contrats discographiques arrachés de haute lutte. Les luttes
intestines. Les rapports ambigus à la politique, à l’alcool et à la drogue, au sexe. Les relations tumultueuses entre les musiciens, le public et ce qu’on pourrait surnommer « l’extérieur »,
c’est-à-dire les parents, les flics, les autres punks, les hippies, les ouvriers… Bref, la société dans son ensemble.
B. ZONE, LE JEU DE RÔLE PUNK
Mais ? Me direz-vous… Quel peut bien être le rapport entre ce livre, fort bien fait certes et notre loisir favori, le Jeu de Rôle ?
Je pourrais jouer tout en finesse, évoquer des possibilités de campagnes inédites, des scénarios one-shot sur fond de guerres des gangs et d’enquête policière par
exemple.
Mais je préfère, pour répondre à cette question, mentionner un nom et un seul. Mythique lui aussi : ZONE.
Zone fut l’un des tous premiers édités par une toute jeune maison d’édition, indépendante et frondeuse : Siroz Productions. Menée notamment à ses débuts par
Nicolas Théry et Eric Bouchaud, Siroz se mesura aux grands du JDR (Jeux Descartes, Hexagonal, Oriflam…) avec des productions maison, cheap, mais habitées par une vraie passion : Bitume,
Animonde, la gamme SF Universom (dont notamment Berlin XVIII), jusqu’à décrocher le jackpot avec In Nomine Satanis/Magna Veritas.
La suite est connue, Siroz grandit. Se transforma en Ideojeux, puis en Asmodée. Se diversifia avant de « recentrer son activité » sur les jeux de société et la
grande distribution, renonçant aux loisirs « de niche » qui avaient fait sa popularité auprès des joueurs français : jeux de de rôle, de stratégie et de figurines.
Zone http://www.legrog.org/detail.jsp?id=5111 , donc, proposait aux joueurs de délaisser leurs épées, cottes de mailles et boucliers et de les remplacer par des
battes de base-ball, crans d’arrêt, jeans, baskets (ou doc martens), et autres 33 tours. En clair, de jouer des voyous, des loubards. En un mot des zonards.
Reprenant et parodiant les principes de règles d’AD&D, le jeu proposait comme classes de personnage d’incarner des rockers (façon Didier l’embrouille), des
hardos, des skinheads (coco, facho ou apolitiques), des rastas, des punks, des gothiques new-wave et tutti-quanti.
Les « monstres » du bestiaire allaient de la concierge au CRS en passant par le doberman, le retraité, le rôliste, le videur de bar…
Zone+ http://www.legrog.org/detail.jsp?id=5201 , un supplément accompagné d’un authentique 45 tours, vint apporter son lot de règles additionnelles. Enfin, un
écran, le Zone Screen http://www.legrog.org/detail.jsp?id=5112 , et une campagne complète (Zone Quest http://www.legrog.org/detail.jsp?id=5113 ) vinrent parachever ce touchant portrait de
famille.
Ouvertement second degré, Zone connut un succès d’estime et eut même droit à un fanzine dédié, fabriqué à la DIY (Do It Yourself, célèbre slogan punk) et intitulé
« les deux pieds dans la m… ». Il disparut lentement et surement dans l’oubli, mais nul doute qu’il existe encore des joueurs pour, l’espace d’une partie, tenter le délire d’une partie et
arpenter à nouveau l’asphalte triste de nos petites banlieues françaises.
Conclusion : THIS IS THE END… (les doors)
A moins que l’on ne reprenne Zone pour mener une campagne dans la californie des années 80, entre répression policière, concerts virant à l’émeute, et sanglants
règlement de comptes
Sur Zone, lisez l’excellente critique du GROG : http://www.legrog.org/jeu.jsp?id=2177.
Pour plus d’informations sur le cinéma des années 70 : http://www.hollywood70.com/ et sur celui des années 80 : http://www.hollywood80.com/
Amis rôlistes si vous êtes fans de musiques violentes, de guitares saturées, de « chant » hurlé et d’attitude avec un « A » majuscule, et qu’en plus, vous lisez
l’anglais, je vous invite chaleureusement à vous procurer séance tenante "American Hardcore – A tribal history", de Steven Blush.

A. UN LIVRE VERTIGINEUX
A.1. LA LEGENDE :
Passionnant et remarquablement documenté,
ce livre relate (comme son nom l'indique) l’histoire de la scène Hardcore américaine, ce mouvement musical underground et jusqu’au-boutiste, sur une période qui va de 1980 à 1986.Six années de
bruit et de provocations. Six années de sang, de sueur et de larmes.
Pour faire bref, le Hardcore fut une version radicale du punk, poussée à l’extrême, qui cristallisa les angoisses, la colère et les frustrations de toute une partie de la jeunesse américaine, en
mal de repères.
Ses groupes phares, les Germs, D.R.I., D.O.A (dead on arrival), MDC (millions of dead cops), Bad Brains, Misfits, Youth Brigade, Uniform Choice, Cro-Mags, Black Flag, Dead Kennedys, Agnostic
Front et bien d'autres encore sont aujourd’hui des “legendes” de la musique underground. Des groupes mythiques, sources d’inspiration pour de nombreux groupes de Hardcore, Punk, Trash,
Death-Metal et autres genres musicaux à forte teneur en décibels et en agressivité.
A.2. KALIFORNIA ÜBER ALLES (Dead Kennedys) :
Mais il en fut bien autrement à leurs débuts. Avec verve et talent, Steven Blush relate l’histoire fiévreuse de ce mouvement marginal et contestataire, qui dura de 1980
à 1986. Et son récit, entrecoupé de nombreuses interviews, est hallucinant ! Drogues. Bagarres. Sexe. Hystérie. Chaos. La totale !
Fustigés par la société américaine, les fans de Hardcore étaient vus
pêle-mêle comme des "pédales" ("faggots"), des communistes, des nazis, des drogués, des dealers. Ils suscitaient le peur, l’incompréhension et la haine et furent la cible d’agressions de
tous bords. Par les "rednecks". Par les autres gangs de jeunes. Par la police surtout, qui organisait de véritables "ratonnades", en toute impunité, à la sortie des salles de concert.
A travers le récit hallucinant de ce mouvement, c’est toute une Amérique de cauchemar qui apparaît en filigrane.
Une Amérique blafarde, apeurée, en crise. Frappée de plein fouet par la crise du pétrole. Hantée par le spectre de la guerre froide, par l’échec de son intervention au Viêt-Nam. Sans pitié pour
ses propres enfants. L’Amérique d’avant les années Reagan. Celle des laissés pour compte et des paumés. Celle que l’on devine dans des films tels que Taxi Driver (1976), Serpico
(1973), Cruising (1980), Les Guerriers de la Nuit (1980), Repo Man (1984) ou encore Police Fédérale Los Angeles (1985).
PS : Si vous voulez en savoir plus sur ces films, ou plus généralement sur le cinéma US des années 70 et/ou sur
celui des années 80, cliquez sur les liens ! 
A.3. I DON'T CARE ABOUT YOU, FUCK YOU !!! (Fear) :
Pour en revenir au livre, le récit de ces années, par ceux qui l’ont directement vécu, vaut définitivement le déplacement.
Comme en plus, Steven Blush n’élude aucun sujet, même les plus scabreux, on
se retrouve avec une mine d’informations passionnantes.
Tous les sujets sont abordés : les tournées avortées. Les deals foireux. Les contrats discographiques arrachés de haute lutte. Les luttes intestines. Les conflits d'ego. Les rapports
ambigus avec la politique, l’alcool et la drogue, au sexe. Les relations tumultueuses entre les musiciens, le public et ce qu’on pourrait surnommer « l’extérieur », c’est-à-dire les
parents, les flics, les autres punks, les hippies, les ouvriers… Bref, la société dans son ensemble.
B. PUNK ET JEUX DE RÔLE
Mais ? Me direz-vous… Quel peut bien être le rapport entre ce livre, fort bien fait certes et notre loisir favori, le Jeu de Rôle ? Je pourrais jouer tout en
finesse, évoquer des possibilités de campagnes inédites, des scénarios one-shot sur fond de guerres des gangs et d’enquête policière par exemple (d'ailleur, je vais le faire, mais plus
loin). Mais tout d'abord, je préfère, pour répondre à cette question, parler d'un jeu et un seul. Mythique lui aussi :
B.1. UN PEU D'HISTOIRE...
Zone fut l’un des tous premiers édités par une toute jeune maison d’édition, indépendante et
frondeuse : Siroz Productions. Menée notamment à ses débuts par Nicolas Théry et Eric Bouchaud, Siroz se mesura aux grands du JDR (Jeux Descartes, Hexagonal, Oriflam…) avec des productions
maison, cheap, mais habitées par une vraie passion : Bitume, Animonde, la gamme SF Universom (dont notamment Berlin XVIII), jusqu’à décrocher le
jackpot avec In Nomine Satanis/Magna Veritas.
La suite est connue, Siroz grandit. Se transforma en Ideojeux, puis en Asmodée. Se diversifia avant de "recentrer son activité" sur les jeux de société et la grande distribution, c'est-à-dire
renonçant aux loisirs "de niche" qui avaient fait sa popularité auprès des joueurs français : jeux de rôle, de stratégie et de figurines (adieu, Helldorado !).
B.2. OBJET LUDIQUE NON IDENTIFIE
Zone, donc, proposait aux joueurs de délaisser leurs épées, cottes de mailles et boucliers et de les remplacer par des
battes de base-ball, crans d’arrêt, jeans, baskets (ou doc martens), et autres 33 tours. En clair, de jouer des voyous, des loubards. En un mot des zonards.
Reprenant et parodiant les principes de règles d’AD&D, le jeu
proposait comme classes de personnage d’incarner des rockers (façon Didier l’embrouille), des hardos, des skinheads (coco, facho ou apolitiques), des rastas, des punks, des gothiques new-wave et
tutti-quanti. Quant aux "monstres" du bestiaire, ils allaient de la concierge au CRS en passant par le doberman, le retraité, le rôliste, le videur de
bar…
Zone+, un supplément accompagné d’un authentique 45 tours, vint apporter son lot de règles additionnelles.
Enfin, un écran, le Zone Screen, et une campagne complète (Zone Quest) vinrent parachever ce touchant portrait de famille.
Ouvertement second degré, Zone connut un succès d’estime et eut même droit à un fanzine dédié, fabriqué à la DIY
("Do It Yourself", célèbre slogan punk) et intitulé "les deux pieds dans la m…".
Hélas, hélas, Zone disparut lentement mais surement dans l’oubli.
Cependant, nul doute qu’il existe encore des joueurs pour honorer comme il se doit ce grand ancien et , l’espace d’une partie, arpenter à nouveau l’asphalte triste de nos petites
banlieues françaises.
A moins que…
CONCLUSION : IS THIS IS THE END ?
Vous l'aurez compris, l'univers de la scène underground US peut fournir un formidable décor pour un one-shot, voire une campagne d'exception, diablement originale et qui surprendra vos
joueurs, balladés entre répression policière, concerts virant à l’émeute, et innombrables galères pour parvenir à décrocher des dates de concert et enregistrer un single, voire un album
entier.
Pour peu que vous souhaitiez injecter un peu de fantastique (à la manière d'un Neil Gaiman - pour vous faire une meilleure idée, relisez Neverwhere), vos joueurs seront surpris,
décontenancés voire désemparés. Il vous est également possible (pourquoi pas ?) d'orienter vos scénarios vers d'autres genres : film noir, horreur, etc. L'option d'une approche purement
réaliste reste cependant très séduisante à mes yeux.
Si vous avez Zone, voilà l'occasion de ressortir ce vénérable ancêtre de son étagère, de le dépoussiérer et de lui donner une nouvelle jeunesse.
Et si vous ne l'avez pas ? Ma foi, il existe suffisamment de systèmes de règles génériques (Savage Worlds, Fudge) pour pouvoir parvenir à un résultat
satisfaisant. Why not ?
Alors, mettez le son à fond, ressortez vos doc martens, et préparez-vous. Ce soir, au lieu d'explorer un quelconque donjon, vos persos ont rendez-vous pour un concert en première partie des
Minutemen, Bad Brains et Black Flag ! Faites gaffe aux flics, couvrez vos arrières... Et branchez les amplis !
HARDCORE !!!
POUR EN SAVOIR PLUS :
Tout d'abord, voici les références du livre :
"American Hardcore : A tribal history"
auteur : Steven Blush
336 pages, année : 2002
ISBN : 0-922915-717-7
Editeur : Feral House, LA., USA
"
American Hardcore", le livre donna naissance à un film éponyme (2006). Un documentaire de 1h40 réalisé par Paul Rachman. Le
site officiel, très bien fait, explique ce qu'est Hardcore, fournit plusieurs dizaines de liens, la liste des groupes, des morceaux à
écouter et une bande annonce du film. A visiter donc.
Quant à la Bande Originale du film, elle est distribuée par le label punk Rhino Records.
Enfin, pour finir, et dans le plus parfait désordre, voici un échantillon de ce que l'on peut trouver en vidéos sur
le web (dailymotion et youtube, of course). ENJOY !
BLACK FLAG : "Drinking and driving" ; "TV party" : "Thirsty and Miserable"
DEAD KENNEDYS - "nazi-punks fuck off"
(en studio !) ; "Kalifornia über alles"
(live)
GERMS "No God" (live)
MISFITS - "Astro Zombies" (petit PS :
joueurs et MJ de Brain Soda ? Découvrez la bande annonce
originale de ce film d'horreur cheap et délirant).
A vous de découvrir d'autres perles !
Bon surf sur le net !