25 mars - 04 aout. Plus de quatre mois que je n'ai rien écrit sur dices.overblog. Pas le moindre petit article. Pas la moindre nouvelle. Rien du tout.
Croyez-moi, n'avoir rien écrit, rien posté, rien publié, m'a fait un bien fou. Après dix ans d'articles,de chroniques, de critiques de jeux, d'échanges, je me suis retrouvé fin mars à bout de souffle. Complètement vidé. Cramé. Fini. Ras-le-bol. Pour toutes sortes de raisons, je n'avais plus envie d'écrire ni d'échanger sur le JdR.
En revanche, ma passion, elle, est demeurée intacte. Pendant cette période, j'ai pu maîtriser des parties de "Chroniques Oubliées" (2 sessions), "l'Appel de Cthulhu" (2 sessions), être "simple joueur" à "D&D5" (3 sessions), tester "Mythic Battles : Pantheon", qu'un copain avait acquis sur Kickstarter, et surtout bouquiner comme un malade : relire Lovecraft, Clark Ashton Smith, Terry Pratchett. Découvrir la saga du "Haut-Royaume" de Pierre Pevel ; les oeuvres inédites de Jack Kirby récemment publiées par Urban Comics ("les Loosers", "OMAC", "le Quatrième Monde"...). Rédiger les fiches de la gamme "Dragons" pour le GROG (jeu terriblement prometteur au demeurant, j'ai hâte de découvrir la suite). Bref, je n'ai jamais autant joué que ces derniers mois et ce fut salvateur.
Pour autant, je n'ai jamais eu aussi peu envie d'écrire sur le JdR. Pour de nombreuses raisons.
1. écrire pour informer ne sert plus à rien. Fut un temps, l'information circulait mal, était éparpillée entre des dizaines de sites et les magazines de JdR peinaient à suivre l'actualité. Aujourd'hui, il y a le Fix, webzine d'information dont la régularité exemplaire (des articles publiés pratiquement tous les jours) permet de se tenir au courant de l'actualité rôliste francophone. Internet fourmille d'initiatives comparables : webzines, podcasts, chaînes Youtube... L'actualité rôliste est à portée de clics. Quelques clics de souris suffisent à trouver son bonheur.
2. Jouer plus. Acheter moins. Si l'actualité du JdR est dynamique, je la trouve trop centrée autour de la vente de "nouveaux" JdR. C'est bien simple, le "marché" (sic) est saturé de JdR. Rien que pour la cinquième édition de D&D, nous allons avoir trois gammes complètes en français : "Héros & Dragons", "Dragons", et "D&D5". Sans compter tous les clones du grand ancien ("Fantasy Craft", "Chroniques Oubliées", "13e Age"...). Il y a au moins une demi-douzaines de jeux "Cthulhuesques" en circulation, rien qu'en français, une ribambelle de jeux d'horreur-épouvante. Des "one-shots" et autres "formats courts" par brouettes entières. Des projets de rééditions. Quantité de précommandes et autres financements participatifs.... Mais que devient le jeu dans toute cette frénésie éditoriale ?
En toute honnêteté (et je m'inclue moi-même dans ce constat), j'ai l'impression que nous achetons plus de JdR que nous y jouons réellement. Pour de multiples raisons : pour la collection, pour posséder l'objet (l'attrait de la fameuse "édition limitée"), pour soutenir un beau projet éditorial, parce qu'on est fan de l'auteur ou de l'éditeur, pour le fun. A la fin, triste constat, nous entassons des bouquins en pile en jurant de les lire "un jour".
Plus le temps passe, plus je suis persuadé que cette tendance n'est pas bonne, parce que le jeu, la pratique du JDR, passe en second après l'achat. Or, ce devrait être tout l'inverse ! Un jeu de rôle, ce n'est pas un simple "produit", objet, c'est quelque chose d'organique, de vivant. ça vit, ça respire, ça grandit au fur et à mesure des parties, de la montée en niveaux des persos, des rebondissements de la campagne.
3. Marre des polémiques ! Dernière source de démotivation, et pas la moindre ! Ces derniers temps, toutes sortes de polémiques stériles ont pollué les réseaux sociaux et les forums. Les clash entre pro-OSR et pro-narrativistes (aux USA notamment). Les débats idéologiques sans fin sur l'écriture inclusive, sur la "communauté" des rôlistes. Sur les comportements sexistes et intolérants en son sein. Sur la représentation des genres. Etcetera.
Je ne vois aucune bienveillance dans tous ces débats.
Au contraire, souvent le ton monte, les piques fusent, pleines de fiel et de mauvaise foi. Sur les forums, les modérateurs doivent régulièrement intervenir pour calmer les ardeurs, parfois sanctionner les dérapages. Sur des réseaux sociaux comme Twitter, ce sont carrément des insultes qui sont lancées ! Comment a-t-on pu en arriver là ? A ce titre, deux articles récents m'ont particulièrement touché : "two minutes hate" et "an open letter to wundergeek". Sans oublier les innombrables témoignages sur le site "Et pourtant elles jouent".
Toutes ces lectures m'ont laissé un arrière-goût amer après lecture... Il me semble qu'une ambiance délétère s'est installée petit à petit, qui empoisonne le net et nos échanges autour du jeu.
Aujourd'hui, je reprends le clavier et l'aventure "Dices... everywhere" continue. Avec trois envies :
1. Rester positif. Continuer de parler de ce qui me plait. De ce qui me/nous fait vibrer dans le JdR.
2. Mettre d'avantage en lumière les jeux gratuits ou à petits prix. Parce que je pense que c'est un aspect crucial du JdR : quelques dés, du papier et des crayons, et c'est parti !
3. Me tenir à l'écart des polémiques et des discours politiques. Ne parler que de jeu, de matériel de jeu, de techniques de jeu. Et rien d'autre. Préserver le ludique, le fun, l'amusement.
Enfin, s'il devait y avoir un quatrième et ultime axe de développement pour "Dices... Everywhere", ce serait promouvoir la bienveillance.
Parce que sans bienveillance, il ne peut y avoir de bonne partie de JdR.
C'est sans doute là la pierre de voûte de notre loisir : nous nous devons d'être bienveillants les uns envers les autres.
Pour le bien-être de chacun/chacune d'entre nous.
Pour que nos parties restent fun et agréables.
Pour que ce formidable loisir qu'est le Jeu de Rôles puisse continuer encore longtemps à nous émerveiller et à nous divertir.
Sur ce...
... Bons jeux à tous et à toutes !