I. Grandeur et Décadence (des années 80 à 2000) :
Il arrive parfois ça et là, lors de discussions entrevues sur des forums ou bien échangées durant une convention de JDR, dans une boutique de jeux, d’entendre parler du fameux "âge d’or" du JDR.
Cette expression, employée par des rôlistes vétérans, des "vieux grognards" de notre loisir préféré, désigne les "bienheureuses" années 80. L'époque phare de l’essor du JDR en France avec la
naissance de maisons d’éditions réputées, telles que Jeux Descartes, Siroz (qui connut maintes mutations avant de
devenir ce géant du jeu grand public qu'est Asmodée),
Hexagonal, Oriflam, les défuntes éditions Dragon
Radieux, (Aaaah, Empires et Dynasties !) et bien d’autres encore…
Pour beaucoup de vieux briscards, cette époque était donc un "âge d’or". Plus familièrement, c'était le "bon vieux temps" d'avant la chasse aux sorcières des années 90, entamée avec la
triste affaire Carpentras et menée par certains médias en quête de sensationnalisme bon marché. C'était également avant le "déclin" du JDR, rattrapé par d'autres loisirs (jeux de cartes à
collectionner, MMORPG, etc.).
S’il y a bien un domaine où je serais tenté de rejoindre pleinement cette assertion, c’est bien celui de la presse
rôliste.
Autrefois florissante (Graal, Chroniques d’Outre-Monde, Casus Belli, Dragon Radieux, Multimondes,
etc.), cette dernière a connu un déclin progressif à la fin des années 80, début des années 90.
Coïncidence ? A la même époque, aux Etats-Unis, Kurt Cobain et le grunge enterraient les groupes de Hard-FM et de Glam-Rock (Motley Crüe, Poison, Bon Jovi...) ...
...
... Hmm ! Non, bon, là, j'arrête l'alcool....
On pourrait arguer de plusieurs raisons, que j'ai déjà cités plus haut (chasse aux sorcières, concurrence rude d'autres loisirs, baisse du nombre de rôlistes, etc.).
J’insisterai volontiers sur une autre, mineure certes, et beaucoup plus polémique (et 100% subjective) : le "snobisme" teinté de morgue et de mauvaise foi avec lequel certaines mauvaises langues
accueillaient chaque nouveau numéro de la revue X ou Y, voire boycottaient les revues incriminées. Après tout, une revue ne vit (survit ?) que si elle a des lecteurs pour la soutenir, n'est-ce
pas ?
Toujours est-il que nombre de ces magazines disparurent les uns après les autres. A la fin des années 90 - début des années 2000, d'autres magazines tentèrent vaillamment leur chance
(Backstab, D20 magazine...). Et succombèrent. Finalement, seul à survivre, le magazine
Casus Belli (nouvelle formule) poussa son chant du cygne en 2006, après une résistance farouche.
Aujourd’hui, ô joie, ô bonheur, les magazines de JDR sont de retour dans nos kiosques. Mais sommes-nous tirés d’affaire ?
II. Les trois mousquetaires :
D’un point de vue critique (encore ?!), Dragon Rouge pâtit de la prépondérance trop marquée de
D&D dans ses pages. Mais comment le lui reprocher quand on sait que le magazine est publié par Play Factory, le traducteur/éditeur de D&D en France,
justement ? Peut-on reprocher à White Dwarf de ne parler que des jeux Games Workshop ? Non.
Pour en revenir à Dragon Rouge, le contenu général
peut (avec un peu d'imagination et de bricolage) resservir dans d'autres JDR médiévaux-fantastiques. Surtout, les rédacteurs du magazine font preuve d'écclectisme et d'ouverture d'esprit, avec
notamment des scénarios parus pour Polaris, l'Appel de Cthulhu ou encore Shaolin & Wudang. Une attitude louable et digne de
respect, qui va de pair avec un discours positif, dynamique et militant ("jouons, faisons jouer, partageons notre passion pour le JDR").
JDR-Mag,
quant à lui, s’améliore de numéro en numéro. Il se peaufine, s'embellit, croit en qualité de façon exponentielle, grâce à la participation de nombreux bénévoles.
Car JDR-Mag se veut ouvert à toutes les bonnes volontés ! Vous avez écrit des scénarios ? Imaginé des aides de jeux ? Avez un talent pour le dessin ? Aimez écrire ? JDR-Mag a besoin de
vous ! Si vous souhaitez en savoir plus, sachez-le, il existe un forum
particitatif, ouvert à tous, où les projets du magazine sont présentés, discutés, et enrichis. JDR-Mag, c'est
une occasion en or d'apporter votre modeste contribution au jeu de rôle,
Enfin, Black Box est actuellement le magazine dont le contenu est le moins sujet à
critiques sur nos forums rôlistes. Au contraire, les avis sont même élogieux.
Hélas, sa périodicité hautement chaotique et toujours sujette à caution (le numéro 4 est toujours attendu à ce jour, depuis… octobre 2008 !) le handicape sérieusement.
Bref, la présence de magazines rôlistes dans nos kiosques à journaux reste à ce jour fragile et indécise. Elle nécessite plus que jamais le soutien de notre petite communauté et l’investissement
plus actif de ses membres ! En un mot comme en cent : en 2009, soutenons la presse rôliste !
III. On the web again, again...
(sur l'air de "On the road again", de Bernard Lavilliers)
Parallèlement, le nombre de webzines et prozines disponibles sur le net est tout à fait remarquable. Globalement, ce sont des milliers de pages virtuelles qui n'attendent plus que nous pour
nous émerveiller, nous surprendre, nous faire rire, nous divertir, et nous donnet notre pain quotidien pour nos prochaines parties.
J'avais déjà écrit tout le bien que je pensais du fabuleux
Signs & Portents, consacré aux JDR publiés par
l'éditeur anglais Mongoose Publishing :
- contenu exhaustif, riche (70 pages en moyenne) ;
- présentation professionnelle et tout en couleurs ;
- nombreuses aides de jeux : de nouvelles classes et races pour D&D 3.5, Loup Solitaire ou encore Slaine D20. Des artefacts et des
sorts pour Runequest, Elric ou encore Hawkmoon. De la technologie et des races extra-terrestres pour Traveller,
Babylon 5. Des lieux à visiter/explorer. Des considérations sur l'art de maîtriser une partie. Des scénarios, plein de scénarios ! Et des campagnes aussi (souvent
réparties sur plusieurs numéros)... Bref, une offre pléthorique!
- Enfin et surtout, un dernier point place S&P bien au-dessus de la
mélée : la régularité de ses parutions. Une rareté dans le domaine des webzines ! A ce stade, il devient extrêmement difficile d'émettre la moindre critique.
A vrai dire, S&P est à ma connaissance (mais je peux me tromper) le seul webzine à paraître régulièrement (tous les mois !) et c'est suffisamment rare pour être signalé. Un cas d'école ? Peut-être. Personnellement, j'adorerai voir un éditeur
(pourquoi pas Black Book éditions ?) marcher sur les traces
de Mongoose Publishings et importer ce concept chez nous (ainsi,
Black Box ferait un merveilleux, un formidable webzine).
La seule tentative que je connaisse fut Body Bag, le webzine de John Doe, en stase
cryogénique depuis son numéro 4 (hélas !).
Heureusement, S&P n'est pas le seul webzine (actuellement en service) disponible sur le net. Et les rôlistes francophones sont bien
pourvus avec des productions aussi formidables que :
- Jeux d'Ombre
(8 numéros parus) ;
- Eastenwest (23 numéros parus)
;
- les Songes d'Oberon (formidable e-zine,
remarquablement dense et rempli. Seulement 2 numéros à ce jour, mais quels numéros !) ;
- les enthousiasmants Carnets de l'Assemblée ;
- et bien d'autres encore...
Il y en a tellement que je ne peux que vous inviter à aller jeter un oeil à l'annuaire des
fanzines, mis à votre disposition par la
FFJDR. Vous y trouverez bien d'autres perles, à même d'assouvir vos appétits rôlistiques
d'aventures trépidantes, de sombres machinations et de femmes nues (si, si ! Ne niez pas !).
Chose importante, la plupart de ces webzines entretiennent également un site web, plus ou moins fournis en informations diverses, en news, en aides de jeux
électroniques. Bref, quantité de petites choses qui viennent agréablement compléter le contenu desdits magazines. je ne saurais trop vous recommander de les visiter, tant la qualité est au
rendez-vous.
Alors, n'hésitez plus ! Dans les kiosques ou sur le net, l'aventure vous attend !
Bonnes lectures et bons jeux !