Le 21 août dernier, s’est tenu le "AVATAR’s Day", une opération promotionnelle censée lever (un peu) le voile sur l’un des films de SF les plus attendus du moment. L’opération consistait donc en la diffusion, gratuitement et en 3D, dans un panel de salles triées sur le volet (toutes Gaumont ou Pathé), d’une grosse bande annonce, d’une durée de 15 minutes présentant le film, son univers, et les moments forts qui y attendent le spectateur.
Mais qu’est-ce qu’AVATAR, me demanderez-vous ? Un film, mais pas n'importe lequel !
A. L'EVENEMENT DE CETTE FIN D'ANNEE :
D'abord, pour les
cinéphiles, c’est le grand retour de James Cameron à la réalisation, dix ans après Titanic.
Ensuite, pour les Mass media, c’est la nouvelle folie, intégralement tournée en 3D relief d’un des réalisateurs les plus côtés d’Hollywood : James Cameron !
Un démiurge mégalomane, au goût de la démesure jamais démenti, et dont tous les films de fiction (j’exclue volontairement les documentaires de cette critique) ont été d’énormes chantiers. Des
entreprises hors du commun !
Qu’on se souvienne des 120 millions de $ de Terminator 2 (à l’époque, le budget le plus cher de toute l’histoire du cinéma), du bassin géant d’Abyss (12 m de
profondeur rempli avec 26,5 million de litres d’eau) et de ses acteurs mis dans des conditions réelles de plongée (avec efforts physiques et paliers de décompression à la clé). Ou encore de la
maquette à taille réelle du paquebot pour le film Titanic (200 millions de $ de budget). AVATAR va encore plus loin avec un budget record qui attendrait, dit-on, les 315
millions de dollars !!!). Sauf qu’à chaque fois, ses films rencontrent un véritable succès commercial ! D'où la question piège : AVATAR sera-t-il de la même eau ?
Pour nous enfin, les geeks, les rôlistes, les fans de SF et de fantastique, c’est le grand retour d’un artiste visionnaire, auteur de plusieurs chefs-d’œuvre du cinéma fantastique. J’ai déjà cité
Abyss et Terminator 2. Cameron est également à l’origine du premier volet de cette licence extrêmement lucrative et surtout formidablement bien conçue. On lui doit également le
second volet de la saga Aliens, entre autres perles.
B. LES THEMATIQUES D'AVATAR :
A chaque fois, ses films réussissent à marier harmonieusement grand spectacle et discours "auteurisant". Car les films de Cameron sont porteurs de sens. Leurs récits
parlent de notre humanité, de notre capacité d’adaptation face à l’adversité, de notre instinct de survie. Surtout, ils questionnent notre nature violente et portée à l’autodestruction. Le danger
que nous représentons pour nous et pour notre environnement.
Le tout est enrobé de bons sentiments typiquement hollywoodiens. Le pessimisme affiché de James Cameron (guerre nucléaire, destruction de l’environnement sous-marin) n’est que de façade. Il est
toujours court-circuité in extremis par l’intrusion dans son récit de héros aux sentiments nobles et aux actions héroïques. Ce sont ces héros christiques qui, par leur abnégation, changent la
donne et permettent à l’histoire de connaître un dénouement heureux.
-
C’est Sigourney Weaver/Ripley dans Aliens qui, mue par un instinct maternel irrépressible, va sauver, lance-flammes au poing, la petite Newt prisonnière au cœur d’une ruche alien.C’est Ed Harris/Virgil "Bud" Brigman, qui sacrifie sa vie dans Abyss pour désamorcer une bombe nucléaire et finit par convaincre les extra-terrestres retranchés dans les profondeurs océanes de donner une seconde chance à notre espèce.C’est Michael Biehn/Kyle Reese qui donne son amour, puis sa vie à Sarah Connor, la sauvant et assurant le futur de l’humanité dans la guerre contre les machines.C’est enfin l’improbable odyssée de Sarah, son fils John et le T800 qui les accompagne pour détruire les laboratoires de recherche de Skynet et peut-être, ainsi, changer l’avenir.
(James Cameron en pleine action. Faut pas l'chercher !!!!)
La recette, en tout cas, est imparable !
Reprenons :
Très grand spectacle ;
+ action/effets spéciaux à gogo ;
+ histoire accessible (les enjeux sont toujours simples chez Cameron : échapper à l’apocalypse nucléaire, aux machines, aux aliens, au naufrage du navire, etc.) ;
+ « message » porté par le film (non à la pollution des océans, non à la guerre) ;
+ bons sentiments (l’amour est plus fort que tout, etc.) ;
= énormes succès commerciaux et films rassembleurs !
A vrai dire, en toute honnêteté, ne nous arrive-t-il pas d’appliquer (imiter ?) plus ou moins consciemment cette même recette, lorsque nous concoctons des scénarios à l’attention de nos joueurs préférés ?
C. Alors, quid d’AVATAR ?
La première vague d’infos est tombée au mois d’août :
- premières images du jeu vidéo, conçu par Ubi Soft en étroite collaboration avec le réalisateur himself ;
- diffusion d’un premier trailer (à découvrir ICI et LA) ;
- lancement des sites web du film et du jeu vidéo, pour l’instant bien vides. Tout au plus, notera-t-on, sur le site officiel du film, une sympathique musique d’ambiance, très "space, the final frontier".
- enfin, l’affiche du film et quelques photos ont été dévoilées.Bref, pour l’instant, rien de bien consistant. Seules quelques bribes, destinées à aiguiser notre envie et notre curiosité (et à titiller notre imagination, ô combien fertile !).
De quoi parle AVATAR ?
D’une planète, Pandora (ah, ha ?), à la faune et à la flore exubérante, refuge d’une peuplade aborigène extra-terrestre.
Des colons humains, militaires armés jusqu’aux dents, débarquent sur la planète avec leurs exo-squelettes de combat, véritables chars d’assaut sur deux pattes (souvenez-vous d’Aliens ou encore des machines aperçues dans Matrix III), leurs hélicoptères, leurs bases fortifiées au look "industriel", etc.
Et enfin, "fatalement", de la guerre qui va opposer les deux camps.
La bande annonce est éloquente. On y voit des combats aériens dantesques, des "monstres" impressionnants, des Marines faisant feu à volonté, et Sam Worthington au beau milieu de tout cela.
L’androïde de Terminator Salvation, y incarne Jake Sully, un vétéran de guerre qui va être transformé, semble-t-il, en Alien, sans doute, pour infiltrer les autochtones (pour les étudier ? Les espionner ?). Honnêtement, il y a fort à parier, au vu des images que Sam va changer de camp et prendre le parti des gentils indigènes qui cherchent à préserver leur planète, contre les méchants envahisseurs technologiques pollueurs pas beaux (les humains, donc).
A priori.
En tout cas, les bandes annonces laissent supposer une trame scénaristique et thématique semblable à celle de "Danse avec les Loups" de Kevin Costner ou encore "Mission" de Roland Joffé.
A savoir :
1. mythe du "bon sauvage" (J.J. Rousseau), primitif techniquement, mais en communion avec la nature et riche de qualités morales (fierté, vaillance, courage, générosité, droiture) ;
(la guerre, c'est mal !)
2. en opposition/contraste : critique pamphlétaire de la civilisation moderne, supérieures technologiquement, certes, mais aussi colonialiste, belliciste, brutale, et "laide"/avilie. Regardez bien la bande annonce : au chatoiement des couleurs qui caractérise Pandora (sa nature, ses habitants), répond l’environnement terne, gris et kaki des humains. Un univers fait de métal, de plastique et de verre, particulièrement inesthétique. Le simple choix des couleurs se révèle flagrant : les humains sont clairement les "méchants" du film.
(machines contre nature : un thème indémodable ?)
3. Enfin, un troisième thème qui semble être abordé sera celui de la rédemption du héros, issu de la société technologique et déshumanisée, intruse, et qui va :
- retrouver son humanité perdue au contact de l’Autre,
- et remettre en question ses valeurs initiales et probablement les rejeter pour mieux adopter celles de la société "primitive" qui l’accueille.
(Sam Worthington/Jake Sully transformé en alien. Pour quelle inavouables raisons ?)
Attention ! Je ne fais là que des suppositions. Pire, je me permets d’interpréter les images que j’ai pu découvrir sur le net et de vous les présenter comme des vérités. Elucubrations ? Pas si sûr. Je serais prêt à parier de n’être pas éloigné de la réalité. Jusqu’à quel point ? Là, il faudra voir le film pour en savoir d’avantage.
Pour en revenir au casting, en plus de Sam Worthington, AVATAR bénéficiera des talents de Sigourney Weaver, Michelle Rodriguez (girlfight, Fast and Furious, la série TV Lost, SWAT, unité d’élite…), wes Studi (l’indien le plus célèbre du cinéma US : Danse avec les loups, Geronimo, Le dernier des mohicans, Heat, etc.) et Giovanni Ribisi (http://www.allocine.fr/personne/filmographie_gen_cpersonne=28985.html).
Reste une dernière (série de) question(s) :
D. Qu’en seras-t-il de la révolution technologique promise par le studio ?
C’est sur ce dernier point, sans doute, qu’AVATAR aura le plus de mal à convaincre : où diable sont donc passés les 315 millions de dollars qu'aura coûté le film ?
Dans la motion capture, employée pour donner vie aux extra-terrestres de Pandora ? Peu probable, cette technologie est utilisée depuis de nombreuses années déjà. Elle est "rôdée" et a donné lieu à plusieurs long-métrages : Invisible Man (Paul Verhoeven), le Pôle Express, Renaissance, Appleseed 2, Beowulf. Des dessins animés pour la plupart, mais rien de révolutionnaire dans AVATAR.
Dans le tournage du film en haute résolution et en 3D ? peu probable. La 3D est en effet devenue le dernier gadget à la mode du cinéma hollywoodien (en vrac, quelques exemples : Meurtres à la St-Valentin, Volt, Monstres contre Aliens, Coraline, La-Haut, Destination Finale 4, etc.). Là aussi, la technologie a été rentabilisée, rôdée, affinée et ne cesse de se démocratiser.
Pour le savoir, une seule solution : aller voir le film. Rendez-vous est pris, donc ! AVATAR devrait envahir nos salles de cinéma à partir du 16 décembre 2009.
D'ici là, pour en savoir plus, restez connectés !
POUR EN SAVOIR PLUS :
Sur les autres films de James Cameron :
- http://fr.wikipedia.org/wiki/Titanic_(film,_1997)
- http://en.wikipedia.org/wiki/The_Abyss (VO)
- http://fr.wikipedia.org/wiki/Terminator_2
Des infos supplémentaires sur Wikipedia : http://fr.wikipedia.org/wiki/Avatar_(film,_2009)
De très intéressants articles sur le blog de Jozef Siroka : Avatar, année zéro, la 3D : l'avenir du cinéma?, ou encore AVATAR : CAmeron minimise les attentes. , James Cameron voit en 3D.