Qu’est-ce qui fait de nous des êtres humains ? Qu’est-ce qui nous rend humain ? Ou au contraire, inhumain ? Et par extension, qu’est-ce que l’humanité ? Comment interpréter cette notion ? Comment la comprendre ?
Au-delà du sens biologique, l’humanité, en tant qu’idéal philosophique, revêt un sens moral fort. Essentiel même. Dans n’importe quel dictionnaire des synonymes, "Humanité" veut dire tout à la fois bonté, charité, abnégation, altruisme, bienfaisance, bienveillance et clémence.
Dans cette optique, le travail de Patricia Piccinini revêt une ampleur inattendue, chamboulant nos certitudes, questionnant nos valeurs et remettant en question nos acquis.
Avec une force peu commune, ses sculptures hyper-réalistes nous confrontent à notre identité, mais aussi à nos peurs enfouies vis-à-vis de la chair, de l’organique. Vis-à-vis de ce corps qui, malgré nos connaissances acquises, conserve sa part de mystère. De tabou. D’interdit.
"The long awaited", 2008
Ce corps, sacralisé par l’église, devenu marchandise dans nos sociétés de consommation, est à l’aube de nouvelles mutations, que les travaux de Patricia évoquent en filigrane.
Impossible de regarder les créatures hybrides dont elle est la "mère" sans songer aux multiples polémiques soulevées récemment par la recherche scientifique : eugénisme, transgénisme, clonage, manipulations génétiques, biotechnologies… De quoi sera faite notre humanité demain ?
En ce sens, l’œuvre de cette jeune artiste australienne devient incontournable. Parce qu’elle dépasse les cadres restrictifs de la science-fiction et de l’imaginaire pour toucher directement au
cœur. Au sensible et à nos émotions.
Quel rapport avec le JDR ? Nous, rôlistes, sommes si souvent confrontés aux notions d’humanité et d’altérité, que nous finissons par ne plus y
penser.
Le JDR, formidable machine à rêver, nous permet de jouer des elfes, des nains, des trolls, des cyborgs, des mutants, des aliens… Mais, pris dans le jeu, nous finissons par oublier qu’il y a quelque chose d’autre, au-delà des statistiques, des bonus/malus et des "pouvoirs" liés à telle ou telle espèce.
Quelque chose de plus profond. De plus fort. Peut-être… Un reflet dans le miroir ?
Ci-dessous, je vous propose de découvrir quelques unes de ses oeuvres.
"The young Family", 2003
"Leather Landscape", 2003
"Leather Landscape", 2003 (detail)
"Balasana", 2009
D'autres créations, tout aussi émouvantes et remarquables, vous attendent sur son site web :
http://www.patriciapiccinini.net/
POUR EN SAVOIR PLUS :
Le site web de Patricia Piccinini regorge d'informations diverses. Je vous recommande notamment la lecture de "Artist Statement", où elle explique le sens de sa démarche. Une lecture fort éclairante. De nombreux autres essais parsèment le site comme, par exemple, "Ethical aesthetics", rédigé par Mme Jacqueline Millner.
Il y a également cette formidable vidéo, "the gathering", que l'artiste tourna en 2006. Etrange, porté par une musique envoutante, perturbant jusque dans sa douceur, ce court-métrage est à voir absolument !
La biographie de l'artiste est disponible sur Wikipedia, à la fois en français et en anglais. Une autre biographie figure sur le site de la Galerie Nationale de Victoria (Australie), ICI.
L'oeuvre de Patricia ne pouvant pas laisser indifférent, il existe une multitude d'articles à lire sur la toile, par exemple celui du site beinart.org ou encore celui du site Art Blart, consacré à sa dernière exposition, "Unforced Intimacies", qui eut lieu à Melbourne en 2009.
Chers amis, je vous laisse le soin de continuer plus avant vos recherches.
A tous et à toutes, je vous souhaite...
... Bon surf sur le web!