Découvert grâce au site DnD with pornstars, Kingdom Death est un étonnant jeu de plateau avec figurines. Un de ces projets lancés sur kickstarter et qui ont su attirer l’attention des gamers. En l’occurrence ici : les figurinistes, qui ont répondu en masse et ont permis au jeu d'amasser la coquette somme de deux millions de dollars !
Car, là où le jeu tue, c’est dans la qualité et la beauté sombre et décadente de ses figurines. Une beauté plus que convaincante.
"Sombre et décadente" vous demanderez-vous, incrédules? Eh bien oui! Kingdom Death enfonce le clou avec des figurines superbes, sculptées avec le plus grand soin, mais surtout avec des connotations érotiques et/ou morbides/macabres qui vont très, très loin.
Femmes plantureuses prenant la pose de façon lascive.
Humains torturés et nus rampant à même le sol, leurs corps soumis à d'atroces convulsions.
Créatures aberrantes issues des profondeurs de l’enfer.
Monstruosités sans nom...
Kingdom Death frappe plus fort encore que Hell Dorado (ce qui n’est pas un mince exploit) avec des créations marquantes qui évoquent pêle-mêle les écrits de Dante Allighieri, du Marquis de Sade, de Clive Barker ("Hellraiser" en tête) mais aussi les créations hallucinées de Kentaro Miura ("Berserk") et Kazushi Hagiwara ("Bastard !"). Sans oublier les pin-ups lascives de Boris Vallejo ou encore de Euletero Serpieri ("Druuna" en tête).
Le jeu lui-même est défini par ses auteurs comme un hybride de JDR et de jeu de plateau. Une date de sortie a d'ores et déjà été fixée au mois de novembre 2013.
(ci-dessus, une maquette de la boîte de jeu, trouvée sur le site Boardgamegeek.com)
Hélas, à ce stade de ma découverte, plusieurs bémols viennent tempérer mon enthousiasme initial :
D'abord, si les figurines (en résine) sont d’une finesse irréprochable, elles sont aussi très chères. Le moindre modèle vaut vite plus de 20 dollars. Certains modèles, de véritables dioramas, voient leurs prix s’envoler (60$ pour le Chevalier-Lion ci-dessous, accompagné de ses trois esclaves-concubines).
Ensuite, toutes les figurines qui ont été éditées jusqu’à présent sont des éditions limitées. Ce qui veut dire que la plupart d’entre elles sont déjà épuisées. Le figuriniste collectionneur geek ne pourra que verser de chaudes larmes devant les photos de modèles qu’il n’aura pas eu le loisir d’acquérir.
Enfin, une fois de plus, nous voilà confrontés à un jeu américano-américain, c’est-à-dire centré sur le marché nord-américain exclusivement et n’envisageant absolument pas de s’exporter à l’étranger. Acquérir des figurines Kingdom Death sera donc une tâche d’autant plus ardue (et prohibitive) pour le figuriniste européen.
J'avoue être quelque peu dubitatif. Deux millions de dollars rassemblés pour un projet qui demeure somme toute excessivement rare, difficile d'accès, avec des figurines éditées exclusivement en édition limitée ???
A la lumière de ce nouveau projet, je relève personnellement deux faits :
Primo : les figurines deviennent de plus en plus fines dans leur conception mais aussi de plus en plus chères. Smog 1888, Forge World… La figurine de collection, recherchée par des figurinistes experts prend de l’ampleur. Ce marché de niche semble bien fonctionner. Hélas, sa nature même (rare, chère, éditée en série limitée) en fait un produit élitiste et haut de gamme.
Secundo : les figurines sont de plus en plus provocantes dans leurs thématiques. De plus en plus osées. De plus en plus sulfureuses. Les artistes qui les conçoivent se lâchent de plus en plus.
A quoi celà est-ce dû ? A l'inévitable évolution des moeurs ? A l'influence des médias asiatiques (mangas, manhwas) moins frileux en matière de nudité et de gore ? Ou encore à l'apport des nouvelles technologies et des nouveaux matériaux utilisés qui permettent aux artistes d'avantage de finesse et de détails dans leurs sculptures ? Peut-être un peu tout cela à la fois.
N’empêche que je serais plus que curieux de voir réunies toutes ensembles des figurines de Kingdom Death, Warhammer (et ses innommables démons de Nurgle !) et Hell-Dorado. Que ce soit pour un diorama dantesque ou bien à une table de jeu, le résultat visuel serait des plus foudroyants !
L’enfer, le vrai, mis en scène en trois dimensions, au format standard 35 mm. Un drôle de projet, certes. Mais assurément, un rêve de geek !