Cette fois, ça y est, c'est décidé : je repars en campagne !
Non pas en campagne militaire. Ni à la campagne, loin de la pollution et du stress citadins. Je veux bien entendu parler d'une campagne de jeu de rôle. Une dont je serais enfin à nouveau le MJ après deux années, presque trois d'abstinence. C'est dire que j'ai trouvé le temps long !
Je me suis bien amusé certes, de l'autre côté de l'écran, en temps que simple joueur. Que ce soit en tant que Kilperic Borkhaz, guerrier nain (D&D 4), Grisold le clerc (D&D4), Broyar Varkhnan (un autre guerrier nain, cette fois à Warhammer première édition) ou encore Joe Lightfoot (shaman sioux dans Shadowrun 4).
Mais voilà : de l'eau a coulé sous les ponts et je souhaite redevenir Maître du Jeu le temps de quelques parties. J'ai d'ailleurs commencé à préparer une mini-campagne qui devrait nous tenir occupés, moi et mes joueurs, jusqu'en septembre ou octobre.
1. LE JEU :
Pour cette campagne, je vais (temporairement) délaisser mon Savage Worlds préféré au profit de Labyrinth Lord dont j'ai déjà parlé maintes fois. Pour ceux qui ne connaissent pas, LL est un retro-clone de la première édition de Donjons & Dragons. (voir l'excellente définition du G.Ro.G, dont je ne vanterais jamais assez les mérites. Bravo, Soner Du ! ).
Labyrinth Lord ? C'est du D&D tout simplement. Basique (il n'y a qu'à voir la feuille de perso), avec quatre classes jouables pour les humains : guerrier, voleur, mage et clerc. Plus trois races non-humaines : l'elfe (guerrier-mage), le nain (guerrier) et le hobbit (guerrier). Bref, les règles de la mythique boîte rouge rendues à nouveau accessibles au commun des mortels. Et c'est bon !
Je commence petit pour l'instant. Plus tard, progressivement, j'incorporerai les règles supplémentaires de l'Advanced Edition, qui permettront à mes joueurs d'interpréter, s'ils le souhaitent : gnomes, demi-orcs, paladins, rangers, assassins, druides, illusionnistes et moines. Yeah !
2. L'UNIVERS :
Ce sera à nouveau Alarian, mon chouchou depuis vingt ans maintenant !
Alarian ? C'était un mini-univers de campagne imaginé par Didier Guiserix dans les pages de Casus Belli première génération. Dans le n°13 de janvier-février 1983, plus précisèment. Ce fut le premier univers jamais développé par le magazine. Avant Paorn. Avant Goferfinker. Et avant Laelith, la ville sainte, la cité du Roi-Dieu. Un petit royaume (550 km du nord au sud, 533 d'ouest en est, soit la moitié de la France en superficie), unifié il y a trois générations de cela.
J'eus la chance de découvrir cet univers dans un hors-série "best of", paru en 1991. Ce dernier proposait une rétrospective des quarante premiers numéros du magazine. On y découvrait les classes "faites-maison" du barbare, de la courtisane et du samourai. Le tout premier scénario pour D&D jamais publié dans le mag (écrit par François Marcela-Froideval). Des monstres. Des règles optionnelles (sur l'ivresse, les tournois médiévaux, les invocations divines, etc.), des conseils de jeu... Toute une époque quoi.
Le déclic pour moi fut dans la combinaison des mots "petit" et "royaume". Pour moi qui ait été bibéronné gamin aux aventures de Zelda et à celles des chevaliers de la Table Ronde, il y a quelque chose de génial à centrer l'aventure dans un seul et unique royaume. Avec ses régions, ses disparités, sa géographie, mais aussi son unité symbolisée par son roi. Ses vassaux. Ses fiefs.
Enfin, me suis-je dit, voilà un univers médiéval conçu à une échelle humaine ! Et non un ensemble de continents gigantesques s'étendant sur des milliers de kilomètres, avec des océans à perte de vue, des steppes immenses, des routes interminables... Le genre de "truc" tellement grand que des PJ ordinaires seraient incapables d'en visiter le quart sans recourir à des moyens de locomotion extravagants (pégases, griffons, dragons domestiques et autres portails de téléportation).
Non. Alarian est un univers à taille humaine (je sais, je me répète), que des personnages-joueurs peuvent explorer à pied, à cheval ou en bateau. Découvrant petit à petit les disparités entre les régions, les relations entre grands seigneurs, les conflits d'intérêt entre guildes marchandes... Tout un univers où ils pourraient progressivement trouver leur place. Pourquoi pas se tailler un fief ? A moins qu'ils ne préfèrent se rendre à Yago-Talb, où réside la cour du roi, pour s'essayer (à leurs risques et périls !) au Jeu des Trônes ? Qui sait ?
Diablement bien conçu, Alarian présente pour moi trois avantages (en plus de sa superficie que je trouve idéale) :
- Primo : c'est un royaume jeune, coincé entre "l'échine du Dragon", une impressionnante chaîne de montagnes, située à l'est, et la Mer des Tempêtes à l'ouest.
- Secundo : c'est également un royaume riche, prospère, marchand, qui suscite les convoitises du royaume voisin du Rhagarron, au sud (petit spoiler soit dit en passant : le roi de Rhagarron convoite le royaume d'Alarian qui aurait du lui revenir par droits de succession. Du moins, c'est son avis).
- Tertio, enfin : c'est un royaume sauvage et ancien, parsemé de forêts profondes, de vallées mystérieuses, de ruines antiques, de collines encaissées et de donjons hantés. Un royaume parcouru par des rivières tumultueuses et des chemins escarpés, peu sûrs. Un royaume où le danger peut se révéler à chaque tournant.
Chouette, non ?
3. LA CAMPAGNE :
Elle aura lieu dans la province d'YSTAAD et emmènera mes PJ (niveau 1!) le long du fleuve Serpent. Quasi sûr et certain (à 90%), il y aura des brigands en maraude, des orcs et des gobelins, des êtres fées (pixies, dryades, etc), des gnomes et des petites-gens (les haflings donc), des combats fluviaux, des escales périlleuses... Et beaucoup de boulot en perspective pour moi !
Histoire de me donner un peu de marge de manoeuvre supplémentaire, je commencerai par un petit donjon. Ensuite, l'appel de l'aventure sera le plus fort (du moins, je l'espère).
En tout cas, j'ai déjà mes thématiques en tête. En plus des combats, explorations de donjons et quêtes (trois éléments ultra-classiques), il y aura (dans la mesure du possible) :
- de la féérie et du merveilleux : avec des êtres fées, des animaux qui parlent, des arbres vivants, des lieux enchantés ;
- de la négociation, de la diplomatie : les monstres ne seront pas tous stupides. Ceux qui peuvent dialoguer le feront. Certains demanderont même des trêves ou des alliances, seront prêts à se rendre, voire même à payer pour avoir la vie sauve ;
- de l'ambiguïté : autant certains monstres pourront tenir leur parole (pas tous, hein !), autant certains peuples "alliés" (elfes, nains, hommes) pourront recéler en leur sein de dangereux fanatiques, des extrémistes, des individus dénués de tout scrupule. Problème : je ne veux pas chambouler le système D&D et ses alignements. Il va donc falloir que je jongle entre respect (par exemple, nains et gobelins se haïssent irrémédiablement et s'attaquent à vue) et interprétations personnelles.
- de l'écologie : pas parce que c'est à la mode, mais parce que j'ai été marqué gamin par "la forêt d'émeraude" de John Boorman. Puis ado, par "Secret of Mana" (un RPG génial et immense conçu par les studios Square Enix). Enfin, "adulte", par "Princesse Mononoke", sans doute le meilleur film d'heroic-fantasy jamais réalisé.
- des complots ! Des "Trois mousquetaires" à la saga du "Trône de Fer" (sans oublier la géniale série des "Rois Maudits" de Maurice Druon), les complots et autres intrigues de cour forment des sources de scénarios inépuisables. Or, ça tombe rien, le trône d'Alarian est menacé. Le roi actuel est aussi faible que son royaume est riche. Un royaume qu'il connait fort mal d'ailleurs ! Sa cour vit coupée des réalités. Il y a des intrigues. Des jalousies. Des opportunistes. Des gens avides...
Là, je n'ai qu'une question, pour l'instant sans réponse : au service de qui vont donc se mettre mes joueurs ?
Conclusion :
Ben, une campagne, ça se prépare, mine de rien ! Et ce n'est pas la "Bible du Meneur de Jeu" (que je suis en train de relire) qui va me faire gagner du temps (cet article non plus d'ailleurs, mais ça me fait du bien. Na !).
En tout cas, le premier scénario est prêt. J'ai presque fini de faire le tour des règles maison que je souhaite utiliser (dont le génial D30 du Destin, que j'ai découvert tout récemment). J'ai mon intrigue de départ. J'ai choisi mes monstres...
Il me reste à étoffer tout ça avec des PNJ bien intéressants, avec leurs motivations propres. Plus quelques décors à préparer. Plus des éléments de background à préparer. Plus une carte à dessiner puis à remettre aux joueurs...
Première partie le 30 avril. Ca va poutrer !
Quant à vous mes amis, je vous souhaite un agréable week-end.
Bons jeux à tous et à toutes !
PS : monsieur Guiserix, si jamais vous veniez à lire ces quelques lignes, est-ce que je pourrais mettre un jour en ligne la carte d'Alarian, please ?