La petite nouvelle qui suit fut adressée par mail à mes joueurs. Elle fait suite au premier scénario de la campagne, un petit module trouvé sur le net et intitulé "l'antre de Nashka", et raconte ce qui s'est passé après ledit scénario.
Bonne lecture.
Lorsque la colonne de soldats arriva en vue du vieux fort, une fumée noire et épaisse s’élevait dans l’air.
Des exclamations de surprise, des murmures s’élevèrent. "Pas possible, ils ont brûlé le fort !".
Amauric de Nodan intima le silence puis se retourna pour contempler la scène, interdit. Le jeune chevalier se demandait ce qu’ils allaient trouver dans ses ruines. Son regard coula sur la droite pour se poser sur le sergent d’armes, qui marchait à ses côtés. Un Norvenien solide comme un chêne, qui avait bien baroudé avant d’intégrer la garnison du seigneur Alaric.
"Eh bien, Darkan ? Qu’en penses-tu ?"
L’homme fixa intensément la tour, comme si son regard pouvait voir à travers les murs épais.
"J’en pense, m’sire, qu’y z’ont eu une sacrée chance, les gars de Sire Memnos ! Trois gars tous seuls dans c’te tour, face à des orcs ? Y z’auraient dû crever ! Piégés comme des rats. J’comprends pas qu’y z’aient réussi à s’en sortir".
Amauric reporta à nouveau son attention sur la tour.
Il se remémora les trois individus, notamment le guerrier en armure de plates. Malgré son jeune âge, ce dernier avait l'air coriace et sûr de lui. Ses vêtements et ses bottes, usées, trahissaient l'habitude du voyage.
"Ils semblaient bien équipés tout de même ?"
"Pour sûr !". Darkan ne dit rien de plus, ne daignant même pas regarder son supérieur.
Exaspéré, le chevalier insista : "L’un d’eux était un elfe"
"Pour sûr" répéta le sergent.
Amauric s’efforça de réfréner la colère qui montait en lui.
"Sont-ils aussi bons archers qu’on le dit ?"
Darkan fit la moue. Enfin, il lâcha : "On dit plein d’choses sur eux, m’sire. Qu’y z’ont la vue d’un faucon. Qu’y peuvent traverser une forêt sans être vus, et qu’y pratiquent la magie aussi ! Qu’y tirent avec leurs flèches si bien qu’y z’ont pas besoin d’épées…"
"Et toi, qu’en dis-tu ?"
"Moi, m’sire ? J’crois c’que j’vois. L’guerrier, y avait l’air bien jeune. L’gars du Noir Sceau ? C’était un gamin aussi. Un acolyte. Même pas un prêtre…"
"Et l’elfe ?" insista le chevalier.
Cette fois, Darkan tourna la tête pour regarder Amauric droit dans les yeux, une expression mauvaise sur le visage :
"Moi m’sire ? J’aime pas les elfes !"
Amauric eut du mal à ne pas frissonner. Le sergent était une légende au sein de la garnison. Il avait traversé tout le royaume d’Alarian, du Norven au Gramlin, et les hommes racontaient les histoires les plus extravagantes sur lui. Pas question de flancher devant lui ! Amauric soutint le regard de Darkan.
"Eh bien, sergent ? Nous y allons ?"
Le norvenien eut un sourire sans joie : "c’est vous qui commandez m’sire".
"Très bien. Dis aux hommes de se déployer. Je veux les archers prêts à tirer et les piquiers devant nous"
"Compris m’sire. Selon vos ordres". Il esquissa une courbette un rien moqueuse et aboya ses ordres. Brefs et précis.
Jusqu’à maintenant, la compagnie n’avait croisé que quelques gobelins, vite mis en pièces. Amauric doutait qu’il y ait quoi que ce soit d’autre en ce lieu désert. Des ruines calcinées. Des cadavres d'orcs et de gobelins... Rien de bien intéressant.
Les mercenaires embauchés par le marchand avaient peut-être eu de la chance, mais cela ne suffisait pas à expliquer leur incroyable succès. Partis explorer le vieux fort, ils étaient revenus en ville deux jours plus tard, au petit matin et avaient brandi, comme preuve de leur récit, la tête tranchée du chef orque. Une tête bestiale surmontée d'une paire de cornes qui lui donnait un air démoniaque, même dans la mort ! L'elfe et le guerrier s'étaient vantés de l'avoir abattu, au terme d'un combat épique et sans merci. Quand au clerc du Noir Sceau, il clama haut et fort qu'il faillit succomber aux assauts des monstres et que seule sa Foi lui avait permis de survivre.
Devant Amauric et ses hommes, le fort abandonné, finissait de se consumer.
(... A suivre)