Ces derniers temps, j'ai beaucoup parlé de jeux horrifiques "lovecraftiens" : "Deep Madness", "Dead Space JDRA"...
Bien sûr, il y en a quantité d'autres dont je n'ai pas parlé par manque de temps ou d'intérêt : "Mutant Chronicles : Siege of the Citadel", "Fate of the Elder Gods", "Fireteam Zero", "Shadows of Brimstone", "The Others : Seven Sins"...
A chaque fois, la thématique est la même : Monstres métamorphes et tentaculaires, à l'apparence indescriptible ; humains traqués, confrontés à l'indicible ; créatures venues d'autres dimensions, au delà de l'espace et du temps...
Ce n'est que tout récemment que je me suis rendu compte d'une influence visuelle oubliée mais pourtant capitale : celle de "The Thing", film culte du réalisateur John Carpenter !
Sorti en 1982 (la même année que E.T.), échec commercial cuisant pour le cinéaste, "The Thing" est aujourd'hui une oeuvre culte, référentielle, unanimement saluée comme son chef d'oeuvre. Les raisons de cette reconnaissance critique et publique sont multiples :
- un scénario malin, sadique et anxiogène à souhait,
- une interprétation solide,
- une musique angoissante, signée Ennio Morricone...
- Mais aussi et avant tout, des effets spéciaux hallucinants, signés Rob Bottin. Du jamais-vu auparavant !
Avant d'aller plus loin, je tiens à le préciser : je voue un véritable culte à Rob Bottin, artisan génial et maquilleur d'exception.
Je découvris très tôt son travail, en dévorant des revues telles que "Starfix", "l'écran fantastique" ou encore "Mad Movies" (toute mon adolescence !) et ma fascination pour son oeuvre ne s'est jamais démentie.
Car Rob Bottin, à lui tout seul, a marqué le cinéma fantastique des années 80 avec ses créations fascinantes et cauchemardesques ("Hurlements", "Legend", Robocop", "Total Recall"...), occupant une place à part des autres artisans du genre (Stan Winston, Rick Baker, tom Savini...).
Avec "The Thing", Rob Bottin surclasse tout ce qui avait été fait avant lui en matière de monstres (à part "Alien", j'y reviendrais plus bas). Grace à lui, pour la première fois, le cinéma nous permet de voir les choses abominables, innommables, qui hantent les écrits de H.P. Lovecraft, Clark Ashton Smith et consorts !
En un sens, à l'instar du génial artiste plasticien Hans Ruedi Giger, Rob Bottin a été un pionnier de l'imaginaire. Il a mis en images de façon totalement inédite des créatures abominables. Démentes. Il leur a donné corps. Il a littéralement incarné ces choses dérangeantes, ces chimères hallucinées...
A travers leurs oeuvres, lui et Giger ont ouvert la voie à tous ceux qui leur ont succédé : peintres, dessinateurs, sculpteurs, graveurs, infographistes, maquilleurs... Autant d'explorateurs de territoires interdits de l'imaginaire : là où la raison vacille...
Un simple exemple illustre mon propos : en 2011, sort un prequel de "The Thing". Nouveau casting, mise en scène moderne, effets spéciaux en images de synthèse... Un film du XXIe siècle, en somme. Mais le design des créatures, lui, n'a pas changé, reprenant scrupuleusement les visions dantesques d'un Rob Bottin au sommet de son art !
Alors que les jeux horrifiques se multiplient, ce "retour aux sources" me semblait plus que nécessaire, afin d'apprécier à leur juste valeur les créations des artistes qui oeuvrent dans le genre fantastique.
Quant à moi, je m'en vais revoir l'inestimable film de Mr. Carpenter. Nul doute que je me procurerais aussi très prochainement la version 2011, ne serait-ce qu'à titre de comparaison. ;-)
Je vous laisse et vous souhaite...